On ne se marie jamais au mois de mai. Lors des fêtes de mai, garçons et filles se réunissent pour chanter et danser dans les prés.
Pour célébrer le retour du printemps, les hommes et les femmes se courtisent librement.
Les jeunes gens élisent leur reine, une femme mariée, qui se choisit un partenaire autre que son " jaloux " de mari.
Dans les châteaux les liens du de la parenté sont renforcés. La femme règne en maîtresse sur le petit monde des chevaliers et des écuyers, célibataires. On aime se distraire et les fêtes sont nombreuses: mariages, tournois, adoubements,...
Le prestige de la DAME, l'épouse du seigneur est considérable dans le coeur des guerriers. Elle cristallise leurs rêves, leurs désirs, leurs espoirs. Le chevalier doit se montrer prêt à mourir héroïquement pour son amie, alors que celle-ci est censé le protéger par son amour et lui inspire vaillance et courage.
Mais l'union des coeurs devient le principe de toutes les vertus.
L'amour devient un art, une mystique, une exaltation de l'âme et une délicieuse souffrance.
REGLES DE L'AMOUR COURTOIS
Le mariage ne doit pas empêcher d'aimer
Qui n'est pas jaloux ne peut aimer
On ne peut accorder son coeur à deux femmes à la fois
L'amour augmente ou diminue, il se renouvelle sans cesse
L'amant ne peut rien obtenir sans l'accord de sa dame
L'homme ne peut aimer qu'après la puberté
A la mort de son amant(e), un délai de deux ans est nécessaire avant de s'adonner à un nouvel amour
Personne ne doit être privé de l'être aimé sans la meilleure des raisons
On ne peut aimer sans y être incité par l'amour
Amoureux n'est pas avare
L'amant doit aimer une femme de condition supérieure à la sienne
Le parfait amant ne désire d'autres étreintes que celles de son amante
L'amour doit rester secret s'il veut durer
La conquête amoureuse doit être difficile : c'est ce qui donne son prix à l'amour
Le parfait amant pâlit en présence de sa dame
Quand un amant aperçoit l'objet de son amour, son coeur tressaille
Un nouvel amour chasse l'ancien
Seule la vertu rend digne d'être aimé
Lorsque l'amour diminue, puis disparaît, il est rare qu'il reprenne vigueur
L'amoureux vît dans la crainte
La jalousie fait croitre l'amour
Lorsqu'un amant soupçonne son amante, la jalousie et la passion augmentent
Tourmenté par l'amour, l'amant dort peu et mange moins
L'amant doit agir en pensant à sa dame
Le parfait amant n'aime que ce qu'il pense plaire à sa dame
L'amant ne saurait rien refuser à celle que son coeur a élue
L'amant n'est jamais rassasié des plaisirs que lui apporte sa dame
Le plus petit soupçon incite l'amant à soupçonner le pire chez sa bien-aimée
Amour ne rime pas avec luxure
Le véritable amant est obsédé sans relâche par l'image de celle qu'il aime
Rien n'empêche une femme d'être aimé par deux hommes et un homme d'être aimé par deux femmes
Epuré du réalisme de l'amour chevaleresque, la Fin'Amor répond à quelques critères.
L'amour est obligatoirement adultère.
Les mariages nobles n'étant pas une affaire de sentiments, la passion ne peut être trouvée qu'ailleurs. L'échange des coeurs, la fidélité promise, n'engage alors plus les biens, mais les personnes.
L'amour exige le secret, pas seulement pour son caractère adultérin, mais aussi parce qu'il est une chose trop grave pour être divulgué.
La dame est toujours de condition supérieure à celle de son amant, un chevalier célibataire.
L'attitude de ce dernier, calquée sur le système féodal, doit être pleine d'humilité, de réserve et de soumission. Il est son " homme-lige ", son vassal, d'une loyauté et d'une fidélité sans faille.
En retour, la dame et l'amour ont le pouvoir d'inspirer au chevalier toutes les vertus, valeur morale et parfaite courtoisie.
[Croyance : seul l'amour peut mener l'homme à la perfection morale puisqu'il engendre et développe toutes les vertus.]
La dame est lointaine, inaccessible, nimbée de mysticisme.
Dans sa conquête amoureuse, le chevalier est confronté à des obstacles, des épreuves ; ce peuvent être : le mari jaloux, l'éloignement de la personne,... Il faut être prêt à mourir pour l'élue. En retour, la dame accorde à son amant un baiser, une étreinte, ou la joie d'admirer sa nudité.
La chasteté est la fois l'épreuve et la récompense suprême : la petite cérémonie de l' assag (l'essai). Elle donne à la dame le moyen de vérifier dans qu'elle mesure son ami est capable de la respecter, alors que, couché à côté d'elle, il est dans une situation extrêmement tentatrice.
Tous les subterfuges érotiques sont autorisés, à condition de ne pas en venir au fait (baisers, étreintes, caresses).